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Autour de l'exposition

Chagall, Paris - New York

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Marc Chagall , Le pont de Passy et la Tour Eiffel , 1911 , huile sur toile , 58 x 79 cm , collection privée , Photo: Bridgeman Images , © Adagp, Paris, 2023

Paris, capitale de la modernité

Arrivé à Paris en 1911, à 24 ans, Chagall rejoint avec enchantement cette capitale des avant-gardes artistiques du début du siècle. Le fauvisme, le cubisme et le futurisme nourrissent rapidement sa façon de concevoir ses portraits et figures.

Installé dans un atelier de la Ruche, Chagall ne côtoie pas seulement des peintres (Picasso, Delaunay, Gris, Soutine…) et des sculpteurs (Laurens, Zadkine, Lipchitz…), mais aussi des poètes comme Cendrars et Apollinaire et des metteurs en scène comme Diaghileff.

Ainsi, sans adhérer à un mouvement artistique, il participe à ce vaste laboratoire pluridisciplinaire qu’est le Montparnasse des années 1910, accueillant dans ses toiles toutes les suggestions dont il est réceptif, mais qu’il traduit dans son style devenu déjà très personnel.

Marc Chagall , La Maison bleue , 1920 , huile sur toile , 66 × 97 cm , musée des Beaux-Arts de la ville de Liège, Belgique , Photo: akg images , © Adagp, Paris 2023

Vitebsk, entre tradition et avant-garde

Parti pour un court séjour à Vitebsk, sa ville natale, Chagall est retenu en Russie suite à la déclaration de guerre, en 1914. Les évènements historiques exacerbent la nécessité d’en témoigner au quotidien et de documenter au plus près la souffrance endurée par tout citoyen. 

C’est sous le prisme de son expérience parisienne que Chagall revisite la tradition picturale russe, l’art populaire et le « néoprimitivisme », en représentant ses proches, les habitants de son village et les lieux de son enfance. Toujours ouvert aux instances les plus actuelles, il partage certaines préoccupations et projets des avant-gardes russes, comme la reconnaissance du statut de l’artiste, l’art collaboratif et les projets de décoration urbaine.

Marc Chagall , Le Loup et la Cigogne , vers 1927 , gouache, encre de couleurs et crayon noir sur papier coloré gris clair , 51,1 x 41,2 cm , collection Larock-Granoff, Paris, France , Photo © Archives Marc et Ida Chagall, Paris , © Adagp, Paris, 2023

Les Fables et le cirque

Après son retour définitif à Paris, en 1923, on retrouve Chagall dans son atelier, en train de peindre sa femme, Bella, épousée à Vitebsk en 1915, protagoniste incontournable de nombreux tableaux. C’est elle qui lui lit, en français, les Fables de La Fontaine, pour lesquelles Ambroise Vollard commande à Chagall une nouvelle édition illustrée à l’eau-forte en 1927. Ce travail est l’un parmi les nombreux projets d’illustrations pour des textes littéraires, qui conduisent Chagall à une nouvelle succession d’expérimentations techniques, de la gouache vers le noir et blanc.

La fluidité et la spontanéité du trait constituent la signature de l’artiste et c’est encore à la gouache et à l’estampe que Chagall réalise, peu après, un grand nombre d’œuvres consacrées au cirque. Chagall joue de la symbolique dont le cirque est investi afin de mieux incarner sa vision personnelle sur l’avenir ombragé de son peuple et de l’Europe, annoncé par les premières manifestations antisémites.

Marc Chagall , La chute de l'ange , 1923-1933-1947 , huile sur toile , 147,5 x 188,5 cm , Kunstmuseum Basel, Suisse , Photo © Archives Marc et Ida Chagall, Paris , © Adagp, Paris, 2023

Les temps menaçants

Avec La chute de l’ange, un imposant personnage rouge apparaît et annonce la menace de la guerre et le drame de la Shoah. En constant éveil, Chagall s’empare des évènements dramatiques de son époque et, dans les trois volets du célèbre triptyque Résistance, Libération, Résurrection, où il relate la souffrance de la persécution, de la destruction et de l’exode, il se présente en tant que témoin.

Les sujets bibliques resurgissent en urgence, lorsque l’artiste déclare « devoir se servir des prophètes » dans un but véritablement politique. L’emploi dramatique de la couleur, ainsi que du noir et blanc, permet de donner toute leur force à ces représentations d’évènements tragiques. Mais au-delà de la dénonciation, les couleurs vives et fortes de ces peintures témoignent autant d’une volonté d’avertissement et d’alerte que de la nécessité de croire en l’espoir et en la vie.

Marc Chagall , Maquette de costume pour l'Oiseau de feu, le monstre masqué violet , 1945 , gouache, encre de Chine et crayon sur papier , 43 x 35,7 cm , collection privée , Photo © Archives Marc et Ida Chagall, Paris , © Adagp, Paris 2023

La découverte de New York

Le contexte politique, avec l’instauration des lois antisémites en France et la dénaturalisation prononcée par Pétain, contraint Chagall à l’exil, fin 1940. En 1941, il s’installe avec sa femme à New York, à l’instar de plusieurs artistes et poètes russes et juifs qui rejoignent une dynamique communauté artistique et littéraire.

À New York, Chagall y renoue avec le monde du théâtre et de la musique. Dans les décors et costumes de ballet qu’il réalise à cette époque, l’artiste se libère de toute contrainte, tandis que la couleur se déploie désormais en tant qu’élément architectural. Ainsi, il s’intéresse à l’art populaire et l’artisanat du Mexique, découverts grâce à un séjour de travail dans ce pays, en résonance avec un imaginaire traditionnel russe, mis à disposition, à New York, par l’importante communauté d’immigrés de son pays.

Marc Chagall , Le Plafond de l'Opéra Garnier , inauguré en 1964 , huile sur toile , 200 m² , Opéra national de Paris, Palais Garnier , Photo: © Jean-Pierre Delagarde / Opéra national de Paris / Palais Garnier , © Adagp, Paris, 2023

Retour en France et nouveaux départs

En 1948, enfin, Chagall peut envisager un retour en Europe. Dans l’après-guerre, il retrouve une nouvelle sérénité dans sa « seconde patrie », la France. Riche de son importante expérience new-yorkaise et mexicaine, toujours à l’écoute de son temps et désireux de surprendre les attentes du public européen, Chagall entame une nouvelle étape artistique tournée vers l’expérimentation. Il s’initie alors à des nouvelles techniques et matériaux, comme le lavis, la céramique, la pierre, le marbre, le plâtre et le bronze, qui lui offrent des moyens d’expression encore inexplorés.

Les projets monumentaux les plus importants que Chagall réalise dans les années 1960, comme le fameux plafond de l’Opéra Garnier à Paris et les grands panneaux pour le hall du Lincoln Center à New York, sont issues de ce grand atelier pluridisciplinaire, rythmé par le perfectionnement et le renouvellement constant de la couleur, élément premier de son art, mais aussi d’une réflexion profonde et prolongée sur les valeurs spatiales et architecturales de la peinture.

Marc Chagall , Hommage à la création aux Etats-Unis , Suite de trois vitraux doubles réalisés pour le bicentenaire des Etats-unis d'Amérique. Premier et second vitrail : la musique, la peinture. Troisième et quatrième vitrail : la poésie, l'architecture , Cinquième et sixième vitrail : le théâtre et la danse, 1977, vitrail, 244 × 978 cm , The Art Institute of Chicago, Chicago, Etats-Unis , Photo: akg-images , © Vitrail de Marc Chagall réalisé en collaboration avec Charles Marq / Adagp, Paris 2023

Peinture de lumière, peinture de matière

Tout comme la réalisation de grands panneaux muraux peints ou en céramique, l’exploration de la mosaïque, depuis 1955, et du verre, à partir de 1958, enrichit considérablement la vision monumentale de l’artiste. Ces techniques lui permettent de revisiter et renouveler le traitement de la matière et de la lumière dans son œuvre.

L’expérimentation est aussi présente dans les cycles de collages. Ces étonnantes compositions en papiers et tissus sont utilisées par l’artiste comme esquisses préparatoires pour des compositions monumentales, où s’articulent des formes géométriques et des couleurs vives. Cette approche ludique et sensorielle hérite certainement de la sculpture et de la céramique, notamment quand l’artiste introduit sur le support du sable, de la sciure ou de végétaux, révélant une matière plastique vibrante et organique.

Marc Chagall , Le Cantique des Cantiques IV , 1958 , huile sur papier, marouflage, peinture sur toile , 144,5 x 210,5 cm , musée national Marc Chagall, Nice, Dépôt du Centre Pompidou, France , Photo © RMN-Grand Palais (musée Marc Chagall) / Adrien Didierjean , © Adagp, Paris, 2023

Le message biblique

Le parcours de l’exposition immersive se clôture avec les 17 compositions monumentales qui ornent les cimaises du musée national Marc Chagall à Nice, à savoir la série du Message Biblique. Réalisées au cours des années 1950 et 1960, ces peintures évoquent des scènes de La Génèse et de L’Exode, ainsi que du Cantique des Cantiques. Des gros plans sur la matière picturale permettent de s’immerger dans plusieurs décennies d’expérimentation de toutes les techniques et supports, qui ont nourri, en retour, la peinture. Elle se transforme et enrichit grâce à l’étude du noir et blanc et des nuances de gris rendue possible par la pratique de l’estampe et du lavis, à la transparence et aux reflets des vitraux et des mosaïques monumentaux et encore au travail sur les épaisseurs, les reliefs et la matière qu’offrent la sculpture et la céramique. Dans ces représentations de scènes bibliques, on apprécie aussi, une fois de plus, la richesse des sources de cet artiste cosmopolite, toujours à l’écoute de l’art de son temps, qui a su concilier des suggestions très diverses de l’art ancien, moderne et contemporain, des expressions traditionnelles et populaires, dans une œuvre envoûtante et unique dans son genre.

Chagall (1887-1985)

1911

Après avoir appris la peinture dans des ateliers d’artiste à Vitebsk et à Saint-Pétersbourg, Chagall s’installe en 1911 à Paris, à la Ruche, où il a pour voisins des artistes et écrivains comme Léger, Laurens, Modigliani, Cendrars et Apollinaire.

1911

1914-1915

Sa première exposition personnelle a lieu à la Galerie Der Sturm, à Berlin, en 1914. Puis Chagall retourne en Russie Blanche pour un court séjour, mais la guerre le contraint à y rester. Il y épouse Bella Rosenfeld en 1915.

Exposition Chagall Atelier

1922-1923

Il quitte définitivement la Russie et s’installe à Berlin, où il s’initie aux techniques de la gravure. De retour à Paris en 1923, il reçoit la commande d’Ambroise Vollard d’illustrer à l’eau-forte de Les Ames Mortes de Gogol (1924-25), les Fables de La Fontaine (1926-28), puis de la Bible (1930-39).

Exposition Chagall Atelier Fables La Fontaine

1934 - 1937

Inquiet de l’atmosphère politique, Chagall multiplie les thèmes révolutionnaires et les portraits de juifs à la Thora. Après deux refus, il est naturalisé français en 1937. La même année, trois œuvres, conservées dans des musées allemands, sont classées dans la catégorie « art dégénéré ».

ADL Chagall

1941

Grâce à une invitation du Museum of Modern Art de New York et à l’engagement de Varian Fry, représentant le Rescue Committe, le couple, entre-temps dénaturalisé, réussit à quitter la France et l’Europe in extremis et s’installe aux États-Unis en 1941.

Exposition Chagall Atelier

1942 - 1944

Chagall voyage au Mexique pour réaliser les décors et les costumes du ballet Aleko, d’après les Tsiganes de Pouchkine, sur une musique de Tchaïkovski. Le thème de la guerre est omniprésent dans ses œuvres. En 1944, Bella Chagall décède des suites d’une infection.

Chagall Autour d'elle

1948

De retour en France, Chagall s’installe dans une maison à Orgeval qui devient aussitôt un lieu de rencontres.

Exposition Chagall Atelier

1955

Chagall commence la suite des peintures du Message Biblique, terminée en 1966. Il débute sa collaboration avec le maître verrier Charles Marq et l’atelier Simon de Reims.

chagall vitraux

1963

En 1963, à la demande d’André Malraux, Chagall commence la maquette du décor pour le Plafond de l’Opéra de Paris, inauguré en 1964.

Exposition Chagall Atelier

1973

En 1973, le Musée national Message Biblique Marc Chagall à Nice est inauguré en présence d’André Malraux, ainsi que les vitraux du Fraumünster à Zurich.

Exposition Chagall Atelier

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L’œuvre du mois

L’Anniversaire, 1915

Dans L’Anniversaire, Chagall célèbre son amour pour Bella, qu’il vient d’épouser. Le couple resplendit de bonheur, loin du monde et de la guerre qui éclate en Europe. Une vie nouvelle s'ouvre à eux. C'est à St Petersbourg en 1909, que Chagall, alors étudiant en art, a rencontré Bella Rosenfeld, originaire comme lui de Vitebsk. Le peintre raconte son coup de foudre dans son autobiographie Ma vie : « C'est comme si elle me connaissait depuis longtemps, comme si elle savait tout de mon enfance, de mon présent, de mon avenir, comme si elle veillait sur moi, me devinant du plus près, bien que je la voie pour la première fois. » Bella va bouleverser la vie de Chagall. Par son éducation et sa culture, elle lui révèle d'autres formes d'art.

Les œuvres phares

Paris par la fenêtre

Paris par la fenêtre

Marc Chagall , 1913 , huile sur toile , 136 x 141,9 cm , Solomon R. Guggenheim Museum, New York, Solomon R. Guggenheim Founding Collection, By gift, The Solomon R. Guggenheim Museum, New York, Etats-Unis , Photo © The Solomon R. Guggenheim Foundation / Art Resource, NY, Dist. RMN-Grand Palais / The Solomon R. Guggenheim Foundation / Art Resource, NY , © Adagp, Paris, 2023

Le Songe d'une nuit d'été

Le Songe d'une nuit d'été

Marc Chagall , 1939 , huile sur toile , 116,5 x 89 cm , Musée des Beaux-Arts de Grenoble, France, Photo , © Photo Josse / Bridgeman Images , © Adagp, Paris 2023

Le Triomphe de la Musique

Le Triomphe de la Musique

Marc Chagall , 1966 , maquette définitive pour la peinture murale du Metropolitan Opera, Lincoln Center, New York, tempera, gouache et collage sur papier marouflé sur papier coréen , 109 × 91,5 cm , collection privée , Photo © Archives Marc et Ida Chagall, Paris , © Adagp, Paris 2023

La Tribu de Levi

La Tribu de Levi

Marc Chagall , 1962 , vitrail , Synagogue du Centre Médical Hadassah, Jérusalem, Israël, © Photograph by Yuval Yairi , © Hadassah, the Women’s Zionist Organization of America, Inc. Owns the rights to the photograph and of the Chagall Windows, 2013, © Vitrail de Marc Chagall réalisé en collaboration avec Charles Marq , © Adagp, Paris 2023

L'Apparition de la famille de l'artiste

L'Apparition de la famille de l'artiste

Marc Chagall , 1935-1947 , huile sur toile , 123x111,5 cm , Don de l'artiste, 1953, Paris, Dépôt du Centre Pompidou, 1990, Palais des Beaux-Arts, Lille, France , Photo © RMN-Grand Palais (PBA, Lille) / Michel Urtado , © Adagp, Paris, 2023

Nu à l’Enfant

Nu à l’Enfant

Marc Chagall , 1949 , huile sur toile , 115,2 x 95,5 cm , collection privée , Photo © Christie’s Images / Bridgeman Images , © Adagp, Paris 2023

Autoportrait aux sept doigts

Autoportrait aux sept doigts

Marc Chagall , 1912-1913 , huile sur toile , 135,5 x 117 cm , Stedelijk Museum, Amsterdam, Pays-Bas , Photo: Bridgeman Images , © Adagp, Paris, 2023

Vache avec un parasol

Vache avec un parasol

Marc Chagall , 1946 , huile sur toile , 81,3 x 108 cm , The Metropolitan Museum of Art, New York, Etats-Unis , Photo © The Metropolitan Museum of Art, Dist. RMN-Grand Palais / image of the MMA , © Adagp, Paris 2023

Le sacrifice d'Isaac

Le sacrifice d'Isaac

Marc Chagall , 1960-1966 , huile sur toile , 230 x 235 cm , donation Marc et Valentina Chagall, 1966, musée national Marc Chagall, Nice, France , Photo © RMN-Grand Palais (musée Marc Chagall) / Adrien Didierjean , © Adagp, Paris, 2023

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